Ce qui a fait du vélomoteur Peugeot 103 l’un des plus grands succès

Que ce soit dans les ruelles de Lyon, sur les routes de campagne de Romandie ou devant de nombreuses écoles à Genève – le Peugeot 103 Vogue était plus qu’un simple vélomoteur, c’était le moyen de transport de toute une génération de jeunes. Pour beaucoup de passionnés plus âgés, mais aussi pour de bien plus jeunes, ce vélomoteur reste associé aujourd’hui encore à un morceau de liberté. Parce que le Peugeot 103 n’a pas seulement avalé des kilomètres, il a écrit des souvenirs pour la vie. C’est exactement pour cela que nous nous penchons sur l’histoire et la technique de ce vélomoteur culte.

Une période de production qui pulvérise tous les records

Alors que beaucoup d’autres vélomoteurs avaient depuis longtemps disparu du marché, le Peugeot 103 continuait encore à sortir de la chaîne de production. Présenté en 1971 comme successeur du Peugeot 102, il est resté en production en France jusqu’en 2006 et a même continué à être fabriqué ensuite en Chine et au Maroc – ce n’est qu’en 2017 que le rideau est tombé définitivement. Près d’un demi-siècle de production, aucun autre vélomoteur n’y parvient. Même des valeurs sûres comme le Piaggio Ciao ou le Puch Maxi n’ont pas pu rivaliser. Cette longue carrière n’était pas un hasard. Le 103 était robuste, techniquement facile à entretenir et au design si intemporel qu’il a enthousiasmé des générations de jeunes. Pendant des décennies, il a suffi à Peugeot d’apporter de petits ajustements – le concept de base était si cohérent qu’il trouvait sans cesse de nouveaux acheteurs.

Plus de 3 millions d’exemplaires vendus

Encore plus impressionnant que la longue période de production sont les chiffres de vente : plus de 3 millions de vélomoteurs Peugeot 103 ont été fabriqués – ce qui en fait le vélomoteur le plus vendu d’Europe. En France, il a fait partie du paysage routier pendant des décennies, que ce soit sur le chemin de l’école, devant les cafés ou sur d’interminables routes de campagne. Et en Suisse aussi, particulièrement en Romandie, le vélomoteur Peugeot était très apprécié. Le 103 ne devait pas son succès uniquement à son prix abordable. Ce qui était décisif, c’était le mélange de fiabilité, de technique simple et d’un look qui n’est jamais vraiment passé de mode. Alors que de nombreux fabricants arrêtaient leurs modèles après dix ans, on pouvait acheter le vélomoteur 103 dans les années 90 ou 2000 dans un look presque inchangé. Pour beaucoup, c’était précisément cela qui avait un attrait particulier : un vélomoteur au charme rétro qui restait néanmoins pratique au quotidien.

Technique : simple, robuste et avec variateur comme point fort

Le vélomoteur Peugeot doit sa constitution robuste et sa fiabilité proverbiale aux ingénieurs de Mandeure en France, où le constructeur français fabrique ses deux-roues depuis des décennies. Dès le départ, ils ont misé sur une construction de base solide : un moteur 2-temps durable, un système de transmission astucieusement conçu et des pièces Peugeot qui fonctionnaient encore de manière fiable après de nombreux kilomètres.

Un moteur pour des générations

Le vélomoteur agile français était propulsé par le moteur E1, un robuste monocylindre 2-temps qui en a fait pendant des décennies un synonyme de fiabilité. Cette construction était dès le départ conçue pour durer et constituait la base d’innombrables variantes du vélomoteur 103. Des premières versions refroidies par air du début des années 70 avec environ 2 ch aux versions ultérieures avec plus de 3 ch, le concept de base est resté inchangé : solide, facile à entretenir et pratiquement indestructible dans la pratique.

Le variateur comme véritable argument unique

Un véritable point fort était le variateur, qui combinait transmission par courroie et par chaîne. Alors que beaucoup d’autres vélomoteurs roulaient encore avec un rapport fixe, ce vélomoteur adaptait automatiquement la transmission au régime et à la vitesse. Cela le rendait nerveux, fiable et procurait beaucoup de plaisir sur la route.

Du démarrage aux pédales au kick

Tous les passionnés de vélomoteur connaissent ce moment : un coup de pied rapide et puis ce pétaradement incomparable quand le 2-temps prend vie. C’était bien sûr aussi le cas avec le vélomoteur Peugeot 103, qui dans ses premières années démarrait de manière tout à fait classique par les pédales. Plus tard, avec des variantes plus sportives comme le SPX ou le RCX, le démarrage au kick avec décompresseur automatique a fait son apparition. Ainsi, le 103 pouvait être démarré presque comme une petite moto – un extra qui enthousiasmait particulièrement les jeunes passionnés.

Carburateur et technique d’échappement

Le vélomoteur français agile recevait initialement son mélange 2-temps par le passage de 12 mm d’un carburateur Gurtner. Avec l’augmentation de la puissance moteur, le constructeur français est cependant allé plus loin : des carburateurs avec un passage plus grand – parfois jusqu’à 14 mm – ont fait leur apparition, et des modèles Dell’Orto ont également été utilisés. Lorsque les normes environnementales sont devenues plus strictes dans les années 80 et 90, Peugeot a dû réagir également. Le vélomoteur 103 a reçu dans les années de production ultérieures un système d’échappement avec catalyseur, qui réduisait les hydrocarbures non brûlés dans les gaz d’échappement. Il a été complété par un système anti-pollution. Il ne s’agissait pas d’une recirculation classique des gaz d’échappement comme on la connaît dans les voitures, mais d’une simple admission d’air secondaire. De l’air frais était injecté par de petites conduites dans la zone d’échappement, ce qui permettait la post-combustion des gaz d’échappement et les rendait plus propres.

Refroidissement par eau pour les modèles haut de gamme

Un chapitre particulier dans l’histoire du vélomoteur a été écrit par les variantes plus puissantes qui sont arrivées sur le marché à partir du milieu des années 1980. En 1985, le vélomoteur 103 SLC est sorti de la chaîne de production, étant le premier modèle de série équipé d’un refroidissement par eau. Alors que les versions standard se contentaient d’un refroidissement par air classique, le SLC bénéficiait d’un radiateur sous le réservoir et pouvait ainsi délivrer constamment de la puissance même à hauts régimes.

Le système de refroidissement fonctionnait initialement avec un système à thermosiphon sans pompe, où la circulation de l’eau se faisait par convection naturelle. Cette technique simple mais efficace suffisait amplement pour les moteurs de 2 à 3 ch de l’époque. À la fin des années 1980, des variantes plus sportives comme le SPX LC et le RCX LC ont suivi, elles aussi équipées d’un refroidissement par eau et recevant parfois déjà des circuits plus modernes.

Esthétique & équipement : élégant et fonctionnel

Une raison de la popularité durable du vélomoteur Peugeot sautait déjà aux yeux au premier regard : l’esthétique. Élancé, élégant et typiquement français – c’est précisément ce style qui a fait du vélomoteur un véritable classique. Dans les années 70 et 80, il semblait moderne et sportif, et même des décennies plus tard, le 103 s’intégrait encore au paysage routier sans paraître démodé. Car visuellement, le vélomoteur est resté frais au fil des décennies. Alors que les premiers modèles étaient encore équipés de pièces chromées brillantes, les versions ultérieures ont davantage misé sur des garde-boue et carénages peints en couleurs contrastées. Peugeot a su moderniser le look sans abandonner le design caractéristique du vélomoteur. Au-delà du design, le vélomoteur 103 marquait des points avec des détails utiles. Le réservoir intégré dans le cadre tubulaire en acier contenait initialement environ 3,7 l de mélange 2-temps, à partir de 1996 même 5 l – un avantage évident pour les trajets plus longs sans ravitaillement fréquent. Le porte-bagages, le protège-jambes et la selle de vélomoteur réglable en hauteur rendaient également le vélomoteur pratique et confortable au quotidien.

Le vélomoteur Peugeot, chouchou des masses, jusqu’à aujourd’hui

Au final, ce n’était jamais seulement la technique robuste ou la ligne élégante qui rendaient le vélomoteur Peugeot 103 si spécial. C’était ce sentiment de liberté qu’on ressentait quand le petit 2-temps prenait vie et que les routes semblaient soudain un peu plus grandes. Pour beaucoup de passionnés, le 103 était le premier vélomoteur personnel – l’engin avec lequel ils gagnaient leur indépendance et ressentaient la liberté. Le vélomoteur Peugeot était astiqué, tunné, remis en état si nécessaire et certainement aussi maudit à cause d’une crevaison, mais toujours aimé. C’est exactement pour cela que ce vélomoteur reste pour beaucoup de passionnés l’un des plus grands vélomoteurs de tous les temps.

Source image principale : De Jean-Noël Marchi — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=115310355